John SAUL
Les Chroniques de Blackstone JJ

1er épisode : La poupée, " J’AI LU TENEBRES n°4704 "

2ème épisode : Le médaillon, " J’AI LU TENEBRES n°4705 "

3ème épisode : Le briquet, " J’AI LU TENEBRES n°4706 "

4ème épisode : Le mouchoir, " J’AI LU TENEBRES n°4707 "

5ème épisode : Le stéréoscope, " J’AI LU TENEBRES n°4708 "

6ème épisode : L’asile, " J’AI LU TENEBRES n°4709 "

 

    Blackstone est une petite ville qui se situe dans le New Hampshire aux Etats-Unis. Elle a tout d’une ville modèle du nord des USA : des maisons de style victorien où vivent paisiblement les habitants, une entreprise du bâtiment dirigée par Bill McGuire, la banque de Jules Hartwick, une bibliothèque municipale, le magasin d’antiquités de Janice Anderson, le bureau des Chroniques, le canard local, et sans oublier Ed Becker, l’avocat, qui défend depuis des années les habitants de Blackstone. La ville a aussi ses particularités comme par exemple Martha Ward, témoin de Jéohvah à la manque, qui a recueilli et a élevé dans la voie du Seigneur sa nièce Rebecca. Cette même Rebecca travaille avec Germaine Wagner, la vieille fille qui s’occupe de la bibliothèque et de sa vieille rosse de mère, Clara. Germaine fricote avec Oliver Metcalf, le rédacteur des Chroniques. Bref, avec ses habitants, bizarres ou non, et ses infrastructures, Blackstone est une ville qui a tout pour plaire. Seule ombre au tableau : la vieille bâtisse qui surplombe la ville. Ce bâtiment maudit fût construit un siècle plus tôt par l’aïeul d’Oliver et transformé plus de cinquante ans auparavant par Malcom Metcalf, son père, en asile. Actuellement, cette maison de fous n’est plus en fonction et a été désertée à la mort de Malcom en 1959. Cette baraque grinçante et croulante doit être transformée en centre commercial par Bill McGuire et ses hommes. Mais n’y reste-il que les rats et les araignées ?

    A partir de la fin d’année 1996, de mystérieux " cadeaux " vont faire leur apparition. Première victime, la famille McGuire qui va recevoir une poupée de porcelaine aux yeux couleur saphir. Pour qui est-elle ? Pour le futur bébé ? Pour Megan ? Ou bien encore pou Elisabeth, la mère de famille ? Quatre semaines plus tard, Jules Hartwick, le banquier, trouve un curieux médaillon dans la voiture de sa femme. Que va devenir sa famille ? Et le briquet en forme de tête de dragon qu'a acheté Rebecca à la braderie annuelle ? Que — ou Qui — va-t-il brûler ? En tout cas, Rebecca aura de quoi remplir de larmes le mouchoir que lui a offert Oliver. Sans oublier la surprise qu’eut Ed Becker en regardant les images du stéréoscope qu’il a découvert dans la commode chopée dans l’asile. Enfin clou du spectacle : un rasoir maculé de sang et gravé des initiales MM (A ceux qui veulent savoir à qui il appartenait et ainsi déduire à qui il est adressé, la réponse se trouve dans l’article...).

    John Saul a écrit Les Chroniques de Blackstone en réponse à La ligne verte, roman feuilleton écrit quelques mois plus tôt par Stephen King. Comme dans tout roman feuilleton qui s’impose, le suspense ne doit jamais faiblir. Pari tenu ? Il faut croire que oui, puisque Les Chroniques de Blackstone  se sont vendues à plus de sept millions d’exemplaires aux USA. Malgré ce chiffre, je vais faire ma critique. La plus grande qualité du roman est son scénario vu la diversité des objets. Dès lors, l’intrigue tient la route malgré quelques contradictions que je vous laisse le soin de découvrir. En bref, le fond du livre mérite un JJJ. Maintenant, parlons de la forme. Première chose à savoir, il ne faut pas s’attendre à une écriture du style de Stephen King. L’écriture de John Saul est beaucoup plus sérieuse (même trop) et surtout à des années lumières du gore du " roi de la terreur ". Mais en soi, ce n’est pas un point négatif pour tout le monde (enfin, pour moi ça en est un ). Là où le bât blesse, c’est que ce style d’écriture diminue l’intérêt de l’intrigue. Bon, pour m’expliquer, je vais prendre un exemple avec un passage du premier épisode, La poupée.

"Sa mère était étendue sur le dos, la tête tordue dans une drôle de position. Du sang ruisselait de ses cheveux blonds."

C’est du grand public ça ! Ce n’est pas digne d’un roman qui figure dans la collection Ténèbres. Un habitué de terreur s’attendrait plutôt à un passage du genre suivant :

"Sa mère gisait sur le dos, les vertèbres cervicales brisées. De la bouillie qui, encore cinq minutes auparavant, était son crâne, s’écoulait du sang qui ternissait sa chevelure dorée."

    Il me reste encore à signaler la relative inégalité des différents épisodes. Le premier, La Poupée, n’est même pas digne d’un X-Files. L’intrigue y est quasi nulle et il ne se passe quasi-rien. Heureusement, les quatre suivants sont beaucoup mieux et le lecteur commence véritablement à poser ses marques dans la petite ville de Blackstone. L’épisode qui déçoit le plus est sans aucun doute le dernier, il semble être bâclé et la fin n’est pas claire du tout. En bref, l’histoire semble inachevée. Il faut quand même mettre cette dernière remarque en réserve vu la postface qui suppose l’écriture d’une suite dans les prochains mois.

    Dernier point noir, le prix : 114 FF pour les 6 épisodes, c’est trop cher ! Je vous rappelle que La Ligne Verte, éditée chez Librio, est disponible dans son entièreté pour 60 FF. Donc Les Chroniques de Blackstone sont quasiment 2 fois plus chères pour un intérêt qui n’est sûrement pas deux fois meilleur. Cette dernière phrase sera ma conclusion pour ce roman inachevé qui doit son JJ grâce à son scénario.

 

NB : cette côte ne concerne que moi, amateur d’épouvante bien sanglante.

 

 

BIG GOLEM